PROCES DU CAPITAINE SANOGO ET AUTRES : Les attentes des parents des victimes

C’est un procès très attendu qui s’ouvre aujourd’hui à Sikasso. Le capitaine Amadou Sanogo est poursuivi pour enlèvement de personnes, assassinat et complicité dans l’affaire dite des bérets rouges.

« Un garde, par pitié, leur a donné le téléphone pour qu’ils appellent leurs proches. Mon fils m’a dit : Maman, tu ne me reverras plus. Pardonne-moi pour tout ce que je t’ai fait et prend soin de mon fils ! »
Ce récit, Mme Sagara Bintou Maiga ne l’achève jamais sans verser une larme. Plus de quatre ans que son fils a péri suite à une tentative de contre-coup d’Etat menée par des bérets rouges, éléments de l’ex-garde présidentielle contre la junte au pouvoir dirigée par le capitaine Amadou Haya Sanogo. Pour réclamer justice, Sagara Bintou Maïga a pris depuis la tête de l’Association des femmes et parents de bérets rouges disparus.
A ce jour, 21 familles sont toujours inconsolables. Cissé Fadimata Ouologuem a perdu son époux dans les événements. De la date du contre-coup à celle annoncée du procès en passant par une étape majeure, la découverte du charnier, elle décrit près de cinq ans de souffrance : « Ils nous ont torturés, ils nous ont assassinés. Ils nous ont piétinés. Ils ont piétiné ma vie ».

Inquiétudes et sentiment d’abandon
A quelques jours de l’ouverture du procès, pas d’euphorie chez les parents de victimes, mais plutôt de l’inquiétude et un grand sentiment d’abandon.
Des familles qui dénoncent des chantages et une campagne visant à saboter le procès. « Le gouvernement ne nous a pas encore dit par quels moyens nous partirons au procès », déplore Sagara Bintou Maïga. « Quelle sécurité pour nous accompagner ? Les victimes sont là, au grand complet. Mais tous ont peur, à cause de la campagne en cours pour empêcher la tenue du procès ».
Derrière les inquiétudes cependant, une détermination. Celle d’aller à Sikasso à tout prix. Chaka Kéita est sous-officier à la retraite. Il a perdu son fils dans les événements. Fort de tout ce qu’il sait, il tient à témoigner personnellement au procès : « De ceux qui gardaient la prison à ceux qui ont procédé à l’exécution, je connais tout le monde. Je connais comment les jeunes gens ont été assassinés. Je ne le dirai pas ici, mais je le dirai à la barre ».
Au-delà de la vérité et de la justice, les familles de victimes attendent un fait majeur. Entrer en possession des corps de leurs proches, obtenir des funérailles nationales et pouvoir enfin terminer leur deuil.
DW