ONU FEMMES LANCE LE PROGRAMME «AGRICULTURE FEMMES ET DEVELOPPEMENT DURABLE» (AGRIFED)

Pour l’autonomisation économique de 40 000 Femmes des régions de Kayes, Koulikoro, Ségou, Sikasso, Mopti et Gao d’ici à 2020

C’est sous le haut parrainage de la ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Madame Sangaré Oumou Bah, qu’ONU FEMMES-Mali a procédé le mardi 7 février 2017 au lancement de son programme intitulé «Agriculture Femmes et Développement durable», AgriFeD. C’était à l’hôtel El Farouk en présence du Dr. Maxime Houinato, Représentant résident du Bureau d’ONU Femmes-Mali, assisté par la conseillère régionale en autonomisation économique, du Bureau ONU Femmes, Afrique de l’Ouest et du Centre, Mme Oulimata SARR venue de Dakar pour la circonstance.

On notait aussi la présence du Premier Secrétaire de l’Ambassade du Grand-Duché du Luxembourg, M. Jacques Hoffmann de Mme Fatouma SEID Djama, Représentante Résidente de la FAO, de Mme Silvia Caruso, Représentante du PAM, du Secrétaire général, représentant le Ministre de l’Agriculture, M. Abdoulaye Hamadoun et de Mme Maïga Souhayata Haïdara, Conseillère technique représentante de la Ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable. Des représentantes des organisations féminines et d’autres femmes ont pris part à cette cérémonie de lancement du programme AgriFeD.

Pour un coût total de 10 millions de Dollars, AgriFeD, dans sa mise en œuvre, financera 40 000 femmes avec comme bailleurs de fonds le Luxembourg, la Suède, le Danemark et les groupes Kledu et SAER. Les zones d’interventions d’AgriFeD sont les régions de Kayes, Koulikoro, Ségou, Sikasso, Mopti et Gao. Les filières cibles du programme sont le maraîchage, le céréale avec le riz, le maïs, le fonio, le sésame et d’autres filières porteuses. Pour une durée de 5 ans, le programme vise le renforcement des capacités économiques des 40 000 agricultrices qui sont impactées par les effets néfastes du changement climatique dans la production agricole et dans la pisciculture. AgriFeD envisage particulièrement de faciliter l’accès et la sécurité foncière des agricultrices, le renforcement de la productivité agricole des femmes. Et cela pour un meilleur accès des femmes aux moyens de production modernes et une facilité d’accès aux dispositifs de financement adaptés. Ce nouveau programme renforcera leur accès à l’information et aux marchés porteurs.

Accès et sécurité foncière des agricultrices
Ainsi, selon la présentation faite à l’assistance par la coordinatrice du programme, Madame Diallo Hady Sangaré, AgriFeD mettra donc en œuvre des activités de plaidoyer, le renforcement de capacité des communautés locales et des femmes pour une meilleure connaissance et mise en œuvre de l’arsenal juridique existant pour l’accès des femmes rurales à la terre, comme la Loi d’Orientation Agricole, la Loi et la Politique Foncière Agricoles. Le programme accompagnera le Conseil Supérieur de l’Agriculture qui est l’organe d’exécution de la Loi d’Orientation Agricole pour une meilleure intégration des femmes dans les commissions foncières qui se mettent en place sur l’ensemble des régions du Mali. Il s’agira de développer des partenariats stratégiques avec des ONG et programmes qui appuient le secteur Agricole pour une meilleure prise en compte de la sécurité foncière des femmes. Il s’agit donc de fédérer les synergies pour une meilleure efficacité des actions.

Renforcement de la productivité des femmes agricultrices par un meilleur accès aux innovations technologiques et à l’information
Pour cela, ONU Femmes a développé une plate-forme de gestion d’entreprise mobile appelé «BuyfromWomen» qui permet de lier les agricultrices à l’information, les marchés et de la finance, en leur fournissant une vue à 360° de leur entreprise. Les femmes agricultrices seront en outre renforcées sur les techniques modernes d’une agriculture intelligente prenant en compte les défis liés à la préservation de l’environnement et du changement climatique. Pour cela, des partenariats stratégiques seront établis avec certains structures et programmes comme l’IER, le CNRA, l’ICRISAT et l’AEDD et autres services techniques de l’Etat. Toutes les innovations technologiques développées et expérimentées dans les 13 pays de l’Afrique de l’Ouest bénéficiaires du programme WAPP seront mises à profit.
L’accès aux dispositifs de financement adaptés à leurs besoins
Accès aux dispositifs de financement adaptés à leurs besoins
Pour ce volet, le programme renforcera l’accès au Fonds National d’Appui à l’Agriculture, au moins pour 15% des montants alloués. Pour consolider cet acquis, le programme mettra aussi en place un dispositif d’intermédiation financière pour accroitre l’accès des agricultrices au financement des institutions de micro finance et autres banques soutenant le secteur Agricole. En outre, des séries de formations seront réalisées sur l’élaboration de plan d’affaires et la gestion du crédit. Pour cela des modules de formation adaptés seront conçus et validés tentant compte du niveau et de la réalité des bénéficiaires. Les bénéficiaires seront également appuyées à travers un dispositif de coaching personnalisé sur la gestion du crédit et le suivi du remboursement des prêts par une équipe professionnelle.

Renforcement de capacité des agricultrices pour leur accès aux marchés porteurs
Un accompagnement sur la certification et une formation sur les bonnes pratiques d’hygiène permettront aux femmes d’améliorer la qualité de leurs produits. Un système de collecte et de diffusion de l’information sur les marchés potentiels, les gros clients, la tendance des prix, sera mis en place par région. En plus de la plateforme, «BuyfromWomen» le programme utilisera l’initiative Sènèkèla. Il facilitera l’établissement des relations partenariales formelles et durables avec les grands commerçants grossistes et entreprises d’exportation de produits agricoles et favorisera la participation aux foires et autres évènements majeurs du secteur. Les partenariats déjà établis entre ONU Femmes et les entreprises privées de packaging seront aussi mis à profit.

Au Mali, les femmes représentent plus de 49% de la population agricole et 70,2% des exploitants maraîchers
Le secteur Agricole est le pilier stratégique du développement socio-économique du Mali. Il occupe près de 80% de la population active et contribue en moyenne pour 40% à 45% au PIB. L’agriculture au Mali est essentiellement basée sur les cultures vivrières, les cultures agro-industrielles. Les défis liés à ce secteur sont donc l’augmentation de la production agricole et la valorisation des produits locaux en mettant l’accent sur la transformation agroalimentaire pour assurer la sécurité alimentaire et favoriser l’exportation de l’excédent dans les pays de la sous-région. Il faut rappeler qu’au Mali, les femmes représentent 51% de la population totale, soit plus de 49% de la population agricole et 70,2% des exploitants maraîchers. Pour ONU Femmes, au vu de ce poids démographique, les femmes doivent être accompagnées pour qu’elles puissent mieux se positionner sur ce secteur porteur de l’économie malienne. C’est pourquoi, en lien avec son mandat, ONU Femmes a retenu comme deuxième axe stratégique de ses interventions «Le renforcement économique des femmes ». Dans le cadre de la mise en œuvre de ce mandat, ONU Femmes veut promouvoir autonomisation économique dans le secteur agricole en permettant aux femmes agricultrices d’améliorer leur condition socioéconomique par des moyens et appuis nécessaires. C’est dans ce contexte que le bureau d’ONU Femmes au Mali a procédé au lancement officiel du Programme « AgriFeD » en vue de donner de la visibilité à ses initiatives.
Alors, vivement une bonne mise en œuvre de ce programme pour contribuer de manière durable à l’amélioration des conditions de vie des 40 000 femmes.
Dieudonné Tembely
tembely@journalifosept.com