L’Imam Mahmoud Dicko, tout comme le président Modibo Keita, n’a fait que la sociologie du mal

Mahmoud Dicko, préside depuis 2008 le Haut Conseil islamique malien (HCIM).

Lisez ici nos analyses approfondies des propos tenus, au Mali et ailleurs, sur ce terrorisme international pour mieux comprendre les positions des accusateurs et de l’accusé.
C’est pendant une escale à Casablanca du trajet Montréal-Bamako, le 1er décembre dernier qu’on a vu sur internet des écrits accusant l’Imam Mahmoud Dicko d’avoir fait « l’apologie du terrorisme ». Cela, suite à l’attaque de l’hôtel Radisson de Bamako par des terroristes qui ont tué une vingtaine de personnes de différentes nationalités.

A ce cercle très restreint de réprobateurs, s’est aussi et surtout joint le président de la république, que nous appelons depuis quelques mois : Notre très bon pilote IBK plébiscité mais perturbé par sa famille d’abord et ses amis à bord. Ce président, dans une entrevue à Jeune Afrique, lance: « Je réprouve totalement ces déclarations inappropriées. Ces propos ne sont ni les miens ni ceux du peuple malien…Ce que dit M. Dicko n’engage que lui ».

Les auteurs de ces déclarations et textes accusateurs sont pourtant des citoyens maliens qui savent que l’Imam Dicko, tout comme Chérif Ousmane Madani Haidara et monseigneur Jean Zerbo, est un promoteur de la paix et de la tolérance au Mali. Au lieu de se référer et se limiter à l’écoute et à la lecture des versions partielles et partiales de la déclaration de Dicko, ne devraient-ils pas chercher à prendre connaissance de l’intégralité des propos de l’Imam avant de s’attaquer à lui ? Pourquoi ont-ils essayés précipitamment de discréditer, cet Imam Président du Haut Conseil Islamique du Mali, pourtant accessible ?

Il faut d’abord préciser que contrairement à certains commentaires erronés, Dicko n’a fait sa déclaration qu’à Issa Kaou Jim seul sur les ondes de Radio Nyèta de Bamako. L’entrevue a duré 11 minutes 46 secondes dont 10 mn 58 s d’intervention de Dicko et 48 s de pose de questions en deux temps. C’est cette version originale de sa déclaration qui a été commentée par la presse écrite et parlée que nous avons attentivement analysé dans son contexte social, religieux et culturel.

Après avoir adressé un remerciement et salutation habituels à Dieu et aux auditeurs, l’illustre invité, en sa qualité de Président du Haut Conseil Islamique du Mali, a clairement et fermement condamné en bambara et en français l’attentat contre l’hôtel Radisson. A noter que c’était une émission en Bambara. L’Imam Dicko a clamé que « la religion musulmane n’autorise à personne de tuer une autre personne, même tuer un animal n’est pas chose permise par elle. » Il glorifia l’omniscience et l’omnipotence de « Dieu le Créateur de l’Univers qui a étalé la terre pour les humains gratuitement ».

Il déplora le fait que les « humains temporairement installés sur cette terre désobéissent de plus en plus à la volonté Divine… Des humains font la criminalité, se permettent de blasphémer le Messager de Dieu couché dans sa tombe et favorisent la perversion sociale par la promotion, la légalisation et l’imposition de l’homosexualité »… « C’est provoquer Dieu. Si tu provoques Dieu, Dieu te provoque. Dieu sanctionne les humains par des catastrophes naturelles ou leurs envoie leurs propres fils nés sur leurs terres comme sources de leur châtiment. Mais, a-t-il bien précisé, deux fois, en français ainsi « ça ne justifie en rien l’acte terroriste qui est condamnable à tous égards ». Il a ensuite évoqué le désastre humain que « l’allemand Hitler a causé avec son nazisme par la mort de millions de personnes au monde. »

Il est remarquable que l’Imam Dicko ne s’est pas limité à condamner les attentats terroristes mais surtout à faire une analyse socioreligieuse des facteurs, endogène et exogène, qui les causent. Dans son analyse, c’est la dénonciation systématique qu’il a faite de l’homosexualité qui causa le déclenchement des flèches de contestation contre lui. Si son analyse socioculturelle était méchante ou navrante, elle aurait provoqué un tollé dans les milieux des formations politiques et des associations de la Société Civile.

Pour comprendre la grandeur socioculturelle des propos de l’Imam Dicko, évaluons la profondeur des extraits du discours du premier président du Mali, prononcé en septembre 1962, il y a 56 ans : «… souvenons-nous, nos vieillards nous ont dit que, dans le passé, au commencement de la religion musulmane, il y avait plusieurs villes dépravées, maudites par Dieu.

Une dépravation, malédiction causée par leur laxisme, le laisser-aller. Trop de laxisme qui a fait que les gens ont manqué de sérieux et oublié de vénérer Dieu. Si on veut sauvegarder la bonne réputation de notre pays, il faut qu’on sache se maitriser. Maitriser notre corps. Si on ne se maitrise pas, si les femmes trompent leurs époux, si les hommes détournent les femmes mariées, le mariage sera dévalorisé, de mauvais enfants naitront et le pays régressera. Que Dieu nous protège contre cela », a analysé, en digne représentant des Maliens, le président Modibo Keita.

Comment peut-on prôner, à la fois, l’humanisme et le sadisme ?

Pour un bref rappel d’un des faits honorables dans l’histoire de la rébellion sanguinaire au Mali, il est très important de souligner que :

En mi-avril 2012, quand toute la région du nord du Mali était occupée par des rebelles d’origine diverses, sans foi ni loi, c’est ce même Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil Islamique, qui a mit sa vie en danger pour aller négocier et obtenir la libération de 161 militaires maliens se trouvant à l’article de la mort. Surtout, il est parvenu à ouvrir un corridor humanitaire permettant à des milliers de civils de recevoir des nourritures, vêtements et médicaments indispensables à leurs survies. Pourquoi veut-on faire croire à l’opinion que ce même citoyen Dicko, qui a fait preuve d’humanisme puisse prôner le sadisme face à la mort d’une vingtaine de personnes innocentes ? Son tort fut d’avoir touché à la racine du mal que les « Plus forts » et leurs complices alimentent et entretiennent au détriment des « Plus faibles ».

Il faut noter que l’Imam Dicko et le Pape François ont la même conception néfaste de l’homosexualité comme l’a si bien mentionné notre confrère B S Diarra dans le journal, La Sentinelle, sous le titre : « Homosexualité : Le pape François et l’Imam Mahmoud Dicko sur la même longueur d’onde »

Sur le même sujet, les évêques de France aussi désapprouvent ces relations intimes entre les personnes de mêmes sexes : « la nature même du mariage (avait) été bouleversée…une fragilisation réelle de la vie familiale » était en cours.

Une grande réciprocité entre les analyses de l’Imam Dicko et celles du Guide suprême de la République islamique d’Iran, Ayatollah Sayed Ali Khamenei, qui a préféré s’adressé à la jeunesse occidentale par une lettre ouverte dont nous livrons des extraits :
« Les événements amers que le terrorisme aveugle a provoqués en France m’ont poussé à parler encore une fois à vous, les jeunes… mais la vérité est que si de telles questions douloureuses ne préparent pas le terrain à la recherche de solutions et à des échanges d’idées, les dommages en seront redoublés… Je suis persuadé que seuls vous, les jeunes, avez la capacité de tirer des leçons des événements désagréables de ces derniers jours, afin de trouver de nouvelles voies pour construire l’avenir, et d’empêcher les déviations qui ont conduit l’Occident à sa situation actuelle…

« L’attitude contradictoire de l’Occident par rapport à l’Éveil islamique au sein du monde de l’Islam, est un exemple significatif des contradictions qui existent dans les politiques occidentales. Un autre exemple de ces contradictions est leur soutien inconditionnel au terrorisme gouvernemental d’Israël. Cela fait maintenant plus de soixante ans que le peuple opprimé de Palestine subit le pire genre de terrorisme.

« Je qualifie de cruauté cachée et très nocive, l’imposition de la culture occidentale aux autres nations, l’humiliation des cultures indépendantes et riches, et l’offense à leurs caractéristiques les plus vénérées, alors que la culture qui cherche à les remplacer n’en a aucunement la capacité. À titre d’exemple, la « violence » et « la débauche morale » qui sont malheureusement, devenues des éléments principaux de la culture occidentale, sont devenues inadmissibles dans cette même société», ainsi, a été interpellé la jeunesse occidentale, par le Président de la République Islamique de l’Iran, Ayatollah Sayed Ali Khamenei, le 29 novembre 2015.

Deux grandes personnalités françaises, Dominique de Villepin ancien Premier ministre et Emmanuel Macron, actuel ministre de l’Economie font leurs analyses de la situation préoccupante du terrorisme.

« Ayons conscience que nous avons nous-mêmes en grande partie enfanté l’Etat islamique. Nous nous sommes enfermés dans un cercle vicieux », constate Dominique de Villepin.

Selon Emmanuel Macron, ministre de l’Economie de la France : « la société française devait assumer une « part de responsabilité » dans le « terreau » sur lequel le djihadisme a pu prospérer…quelqu’un sous prétexte qu’il a une barbe ou un nom à consonance qu’on pourrait croire musulmane, a quatre fois moins de chances d’avoir un entretien d’embauche qu’un autre…si demain nous n’y prenons pas garde, il les divisera plus encore », a-t-il prévenu.

Lacine Diawara