Immobilisme dans la mise en œuvre de l’accord de paix au Mali : L’ONU dénonce la dégradation générale de l’état de droit et de la cohésion sociale  Le Conseil de sécurité accable IBK

Hervé Ladsous, Chef du Département des opérations de maintien de la paix.

L’absence persistante de progrès concrets dans la mise en œuvre de l’accord de paix et la dégradation de l’environnement sécuritaire « incompatibles avec une stabilisation durable, fût-elle partielle, de la situation », c’est la situation déplorée par le Secrétaire général adjoint des Nations Unies pour les opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, jeudi 6 octobre 2016, lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Mali. Face aux violences intercommunautaires, il appelle le Mali à poursuive ses efforts visant à l’élaboration d’une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme, multiforme et cohérente, qui inclut des mesures visant à prévenir l’extrémisme violent.

Malgré les assurances données par le Premier Ministre malien, Modibo Keïta, lors de la dernière réunion du Conseil sur le Mali au mois de juin, sur les modalités de désignation des administrations intérimaires et le calendrier de leur établissement dans les cinq régions du nord-Mali, Kidal n’est toujours pas sous l’autorité de l’Etat malien, et le processus de paix hypothéqué. Hervé Ladsous regrette l’absence d’avancées quant aux processus de cantonnement, désarmement, démobilisation et réintégration (DDR). Il a également alerté le Conseil du désengagement matériel des Etats membres de la Mission onusienne qui était pourtant en attente de renforts pour mener à bien son mandat

Lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Mali, le jeudi dernier, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies pour les opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, a déploré l’absence persistante de progrès concrets dans la mise en œuvre de l’accord de paix et la dégradation de l’environnement sécuritaire qu’il juge « incompatibles avec une stabilisation durable, fût-elle partielle, de la situation ». (www.un.org).

« Après quatre mois d’accalmie, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a encore une fois été la cible d’une série d’attaques coordonnées le 3 octobre dernier », a déclaré M. Ladsous aux membres du Conseil rappelant que ces dernières, qui ont causé la mort de deux Casques bleus à Aguelhok, dans la région de Kidal, font suite à celles survenues depuis la fin du mois de mai à Sévaré et à Boni, dans la région de Mopti ainsi qu’à Nampala, dans la région de Ségou et qui ont fait 18 morts.

« Ces attaques contre l’autorité de l’État ont en effet lieu sur un fond de dégradation générale de l’état de droit et de la cohésion sociale », a dit le Secrétaire général adjoint précisant que dans la seule région de Mopti, les violences intercommunautaires ont fait 24 morts et 53 blessés entre fin juin et début septembre. Il a invité le Mali à poursuivre « ses efforts visant à l’élaboration d’une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme, multiforme et cohérente, qui inclut des mesures visant à prévenir l’extrémisme violent », précise l’un.org.

Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies pour les opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous a rappelé les assurances données par le Premier Ministre malien, Modibo Keïta, lors de la dernière réunion du Conseil sur le Mali au mois de juin, lorsqu’il annonçait l’accord des parties sur les modalités de désignation des administrations intérimaires et le calendrier de leur établissement dans les cinq régions du nord-Mali au cours de l’été 2016. C’est à la suite de ses assurances (le gouvernement en avait fait un baroud d’honneur), que le Conseil avait adopté la résolution 2295 (2016) exhortant les parties à accélérer la mise en œuvre de l’accord de paix en s’entendant notamment sur une priorisation de ses dispositions.

Immobilisme insupportable

Trois mois plus tard, les affrontements entre des signataires de l’accord (CMA-GATIA) anéantissant les arrangements communautaires ou accords d’Anéfis d’octobre 2015 dans la région de Kidal ont hypothéqué le processus de paix. Ce qui a eu comme effet de repousser encore la nomination des administrations intérimaires, contrairement à ce qui a été annoncé par le chef du gouvernement. Ladsous regrette également l’absence d’avancées quant aux processus de cantonnement, désarmement, démobilisation et réintégration (DDR).

« Toutes les parties n’ont pas encore nommé leurs représentants dans les Commissions nationales d’intégration et de DDR alors que les huit sites de cantonnement construits par la MINUSMA seront pleinement opérationnels à la fin de ce mois », a-t-il ajouté.

Le chef des opérations de maintien de la paix a indiqué que la MINUSMA s’est adaptée de manière proactive à son nouveau mandat à travers le déploiement de patrouilles et de points de contrôle en coordination avec les forces armées maliennes et en utilisant dans toute la mesure du possible ses moyens existants pour projeter une « posture plus robuste et proactive pour la protection des civils ». M. Ladsous a toutefois souligné que malgré tous les efforts de la Mission, les civils continuent de souffrir des conséquences des opérations militaires menées par les groupes armés et le gouvernement. « Les violations du cessez-le-feu ont encore entravé l’accès des travailleurs humanitaires qui visent à répondre aux besoins les plus urgents de la population en attendant la reprise des services publics de base », a-t-il déploré.

« La MINUSMA ne sera pas en mesure de réaliser pleinement son mandat tant que les signataires de l’accord de paix ne s’engagent pas résolument dans sa mise en œuvre», a prévenu le Secrétaire général adjoint qui a également alerté le Conseil du désengagement matériel des Etats membres de la Mission qui était pourtant en attente de renforts pour mener à bien son mandat.

B. Daou