Edito: Et l’honneur ?

Le 11 janvier dernier, Paris s’est souvenu des morts de Charlie Hebdo et de ceux de l’hyper cacher. Bamako a continué avec sa routine, oubliant cet autre autre 11 janvier – 2013-. Aucun geste solennel. Aucune pensée organisée. Ni pour les martyrs nationaux de la guerre du Nord. Ni pour Damien Boiteux, symbole de la France et de la communauté internationale venues risquer leur vie pour une cause qui, répétons-le, était globale, donc dépassant le cadre et l’enjeu strictement maliens. Mais la cible primaire c’était bien nous. Les deux tiers de notre territoire étaient aux mains des jihadistes.

Ceux-ci venaient même de s’offrir le poste avancé de Konna, menaçant de faire tomber Mopti à un jet de pierre de leur fatale conquête. Les lapidations, les amputations, tout cela semble appartenir à une lointaine époque. Pourtant c’était seulement hier. Non seulement c’était hier mais pour le microcosme BamakoIs, la France qui il est vrai n’a pas été un modèle de cohérence dans la gestion de notre crise est moins vue en autant le libérateur qu’en bourreau du Mali. Ses soldats tombent? Tant pis pour elle. Ses journalistes sont enlevés et froidement abattus? C’est la rançon de sa duplicité.

Belmoktar, Iyad, Abouhamam, Hamadoun Kouffa et leurs ouailles continuent t-ils de sévir? Il faut s’en prendre à Paris si ses soldats ne peuvent pas retrouver une aiguille dans une botte de foin. Dans cette optique, Charlie Hebdo et le Bataclan ne sont qu’un juste retour de boomerang. Et tout cela est dit dans les journaux sous les plumes de journalistes, seriné à longueur de journée dans nos familles et dans nos lieux de causerie. Les radios libres s’en donnent à cœur joie. La France est venue contre l’islam et pour voler nos ressources naturelles dont le Nord regorge. Bientôt dans ce contexte de totale émulsion de la fierté nationale et du fameux orgueil soudanais, les faiseurs d’opinion jamais tenu comptables de leurs propos s’indigneront que Barkhane et la Minusma ne veillent pas la sieste sacrée des soldats maliens. Comme si histoire immédiate ne peut pas rimer avec dignité nationale!

Adam Thiam