52ème Fête de l’Indépendance du Mali Les Maliens entre tristesse et espoir

Bara Songépou, délégué d’Etat civil Mairie de Mopti «Fêter notre indépendance, même dans la douleur»

La crise et les évènements du Nord ne devaient pas nous empêcher de fêter l’anniversaire de l’indépendance de notre pays. C’est plutôt l’occasion pour que les occupants nous foutent la paix. Ils ne sont pas de notre pays. Nous ne devons pas remettre notre indépendance en cause à cause de bandits armés. Une indépendance que nos parents ont arrachée au prix de leur sang. Nous nous devions de fêter le 52ème anniversaire de notre indépendance, même si c’était dans la douleur, quand on pense à nos frères des zones occupées.

Ibrahim Sanogo, économiste Mopti «Un dépôt de gerbe symbolique suffisait»

Nous souhaitons d’abord la paix au Mali. Qu’on essaye de récupérer le Nord du Mali et qu’on travaille pour la cohésion entre les acteurs politiques du Mali. On ne peut pas parler de développement. Aujourd’hui tout est arrêté. Il nous était difficile de fêter l’indépendance de notre pays, parce que nous sommes tous tristes. Pour moi, on ne devait pas fêter. Les moyens nous manquent sérieusement. Un dépôt de gerbe symbolique suffisait. Nous souhaitons que la situation revienne à la normale. Dans ces conditions, on pourra fêter dignement le 22 septembre l’an prochain.

Boubacar Konipo, assistant de projet à Action Mopti «Tous nos efforts doivent être focalisés vers la libération des zones occupées»

Dans le contexte actuel, il était pratiquement impossible d’organiser les festivités du 22 septembre. Ce n’est pas le moment. Le pays traverse aujourd’hui la plus grande crise qu’il ait jamais connue. Il était donc impossible de fêter le 52ème anniversaire de l’indépendance notre pays. Tous nos efforts doivent être focalisés vers la libération des zones occupées. Les gens ne font que parler depuis le déclenchement de cette crise, aucun effort n’est réellement visible. Aucune action concrète n’a été entreprise pour récupérer les zones occupées. On ne sait pas quand cette crise prendra fin.

Yaya Oumarou, de Diré, et Nana Wallet Intallat, de Ménaka «Fêter loin de nos parents est un supplice»

Pour ces deux élèves déplacés à Mopti (15 et 16 ans) de  9ème année fondamentale, le 52ème anniversaire de notre indépendance a été fêté dans la tristesse. Pour Yaya Oumarou, fêter cet événement loin de ses amis est un supplice. Quand à Nana Wallet, elle ne sait pas comment fêter sans ses parents, loin de son Ménaka natal et de toutes ses amies et sœurs. Raison pour laquelle elle s’est engagée à tout mettre en œuvre pour réussir l’examen du DEF, qui l’a éloignée de ses parents.

Souleymane Diarra, juriste à Bamako «C’est tout le Mali qui souffre»

A mon avis, chacun voit cette situation sous une optique personnelle. Ce sont les lacunes, les négligences de nos dirigeants qui sont à la base cette situation. Mais chacun a sa part de responsabilité. Le peuple malien a partagé avec ces responsables des lacunes. Donc, tout comme nos dirigeants, nous sommes comptables de ce qui se passe. Je profite de cette occasion pour m’incliner devant la mémoire de tous ceux qui sont tombés sur le champ de l’honneur, pour un Mali véritablement indépendant. A nos populations, qui ont souffert et qui continuent de souffrir à cause de cette situation, je dis que c’est tout le Mali qui souffre. Je demande aux Maliens de rester soudés derrière notre armée pour qu’elle puisse faire face à ses missions régaliennes. Je pense que c’est notre armée seule qui doit aller reconquérir les territoires occupés. Elle ne doit être sous l’égide d’aucune force étrangère. C’est là, à mon avis, que réside notre salut.

Ibrahim Fomba, enseignant, fils de militaire «Le Mali n’a jamais été dans une telle situation»

Cette fête anniversaire, je la place sous le signe de la réflexion. Car nous fêtions cette année notre indépendance avec l’occupation des 2/3 du territoire par des groupes islamistes. Le Mali n’a jamais été dans une telle situation, au point que même les plus optimistes d’entre nous se posent aujourd’hui des questions sur la capacité de notre armée à relever le défi. Toutes les rébellions ont été matées sans l’aide et le soutien de qui que ce soit. Maintenant, on parle de la CEDEAO. C’est inadmissible. A mon avis, faire appel à des troupes étrangères est une insulte pour notre armée et pour ce vaillant peuple. Les rebelles ont occupé les lieux  par la force, donc il faut les déloger par la force. Nous demandons une libération rapide des régions du Nord du pays, sans l’aide de qui que ce soit.

Propos recueillis par Pierre Fo’o Medjo et Yaya Samaké

Le 22 Septembre 27/09/2012